04/02/2025 CDI

Lundi 3 février, les élèves de 1re STL ont accueilli l'autrice Anne-Laure Bondoux au CDI pour son dernier livre "Nous traverserons des orages". Ce livre avait été lu dans le cadre du cours de français de Mme Chéraillier.

Anne-Laure Bondoux a de suite mis les élèves à l'aise en leur disant qu'elle comprenait très bien que l'on ne puisse pas être un lecteur de roman. Elle a fait le parallèle avec son blocage personnel avec les mathématiques tout au long de sa scolarité. Un échange très convivial s'est ensuite déroulé dans un climat de confiance.


Anne-Laure Bondoux  a commencé cette rencontre en rappelant que "tout le monde aime les histoires, on a besoin de récits". "Nostalgie", "plaisir", "enfance" sont les mots que certains lycéens ont prononcé  en souvenir des histoires que leur lisaient leurs parents. Elle a ensuite demandé aux lycéens si certains suivaient "True crime" ? (youtubeur(se) qui raconte des histoires horribles, vraies, des cold cases). Certains élèves trouvent satisfaction dans ces histoires.

L'autrice a abordé la solitude de l'écrivain, le fait que le lien avec le public lorsqu'on écrit n'est pas direct contrairement à la musique. On rencontre ses lecteurs après l'écriture. Mais la lecture musicale est un bon moyen de partager.

A la première question  "Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire ?" Anne-Laure Bondoux a répondu l'envie de retrouver cette bulle dans laquelle on est souvent protégé enfant et le fait que son père voulait être écrivain. Le personnage d'Aloès dans "Nous traverserons des orages" a été inspiré par son père et l'histoire doit beaucoup à la famille paternelle, famille très populaire, sans argent dont le grand-père était alcoolique.

Souvent les parents reportent sur les enfants leurs désirs, leurs envies. L'autrice a alors interrogé les élèves sur leur cas personnel.

Le livre a cette dédicace "Pour mon père que je n'ai jamais vu pleurer". Anne-Laure Bondoux a demandé aux élèves si on dit encore aujourd'hui qu'un garçon ne doit pas pleurer ? Oui, plusieurs lycéens ressentent que la société pense encore comme ça. L'autrice explique l'attitude de son père par le fait qu'il soit né en 1939 dans une atmosphère anxiogène. Il a participé à la guerre d'Algérie. Il s'est fermé, sa peur s'est transformée en carapace. Les hommes ne doivent pas être des "femmes" mais si les hommes n'ont pas accès à leurs émotions, seule la violence reste... Rien dans la biologie ne dit que le domaine des émotions est féminin, c'est donc culturel, c'est ce que l'on nous apprend. Dans ce livre, précise l'autrice, ne pas pouvoir accéder à ses émotions entrainent des ravages.

Aurait-elle exercé un autre métier ? La profession d'écrivain est source d'inquiétude avec la possibilité d'un manque d'inspiration, que le livre ne plaise pas. Les revenus sont très variables mais Anne-Laure Bondoux n'a pas envisagé autre chose, chanteuse peut-être ? Elle a beaucoup écrit, c'est en ratant qu'on apprend aussi. Lorsqu'elle entame un livre, elle n'a pas encore le scénario, elle affronte les difficultés au fur et à mesure. Pour ce livre, elle a du se renseigner sur le monde rural, comment vivait-on à la campagne au début du XXe siècle, sur la guerre de 14-18... Il faut gagner sur sa peur de ne pas y arriver pour avoir le plaisir de pouvoir dire ce que l'on veut. D'ailleurs que veut dire "réussir sa vie" demande-t-elle aux élèves ? Être heureux dans sa vie ? Meilleure situation financière ou sociale ? Même si on ne gagne pas sa vie, il est important de continuer à faire ce que l'on aime conclut l'autrice, l'incertitude fait partie de la vie.

Bien qu'elle raconte des histoires difficiles, Anne-Laure Bondoux nous avoue être optimiste. Devant l'étonnement d'un élève face à ce constat, l'autrice précise qu'en mettant des mots sur ce qu'on ne dit pas, on modifie le cours des choses. Les secrets cachés par honte plombent une vie, en mettant de la lumière sur ces endroits-là, la vie devient plus facile. Il faut s'émanciper quand on écrit du regard des autres mais cela demande un travail sur soi d'arriver à ce détachement.

Ecrit-elle un nouveau roman ? Oui, un roman noir avec une dimension polar : Une éditrice recherche une écrivaine qui a fait 15 ans de prison pour avoir tué une personne sans qu'on sache pour quelle raison... On a déjà envie de le lire !

Cette rencontre a pu se faire grâce aux Cafés Littéraires. Nous avons tous beaucoup apprécié cet échange, la franchise et la simplicité de l'autrice ont séduit tout le public !